23.10.07

Dérive de la mère trouble

Les deux lettres qui suivent ont été écrites par ma mère en 1968, après l'année de "l'expo" qu'elle n'a jamais vue, et celle du Général De Gaule qu'elle n'a jamais entendu crier son "Vive le Québec libre!". Ces lettres n'ont jamais été postées. La première s'adressait à une amie pour qui elle fit des ménages toute sa vie. La seconde s'adressait à la famille de mon père qu'elle ne revit jamais, seulement parce qu'elle n'était pas marié avec lui et qu'il avait une autre femme. Elle s'adressait plus particulièrement à Pop, mon grand père, qu'elle aimait beaucoup, et qui avait eut l'occasion d'habiter avec eux.


* * * * *


"Mai 68.

Mme Halperne.

Bonjour! J'espère que tout va bien pour vous, votre mari, les enfants et votre chien. Ici, nous avons tous la grippe. Serge a été vacciné pour l'école; il commence en septembre. José a eu ses injections pour la polio, puis Colombe est toute pimpante dans le linge que vous m'avez donné. Je vous en remercie, puis vos amies aussi. Ne vous gênez pas, si vous venez à avoir autre chose, je l'accepterai avec plaisir. Ca rend tellement service.

Ma nouvelle adresse est inscrite en haut de la première feuille. Pour le téléphone, c'est le même: 522‑1505.

Ne me gardez pas rancune si je n'ai pas communiqué plus tôt, je suis encore perdue dans la lune. C'est dure de perdre un ami très cher. Il avait beaucoup apprécié vos première tulipe l'an dernier. Il y aura bientôt neuf mois en juin, et c'est comme si c'était arrivé hier. Ma vie serait tellement vide sans les enfants. Pour eux, je dois faire l'effort! Me forcer à vivre...

Au revoir et merci. Il est trois heures du matin, je ne trouve pas le sommeil et j'entend les chats dans la ruelle qui, par leur miaulement, brise le silence monotone de ma demeure à cette heure. Donc, merci encore et bonne chance à vous.

Mme R. Carmen St‑Louis."


* * * * *


"Yvette, Pop , et Roméo

Chers vous trois.

Ne m'en veux pas si je t'ai fais attendre, car moi‑même, je ne me rend plus compte de mon état. Tous mes sentiments sont émoussés.

J'espère que vous avez passé de gaie vacance et que pour la maladie, tout va mieux. Tu va peut être trouver ma lettre décousues mais mon état d'âme est pareil.

Tout d'abord un gros merci de ma part et des enfants qui sont trop jeune pour le faire comme je le voudrais. Pour eux, ça été un beau voyage. Ils en sont resté tout ravi et tout émerveillé de tant de bonté.

Je comprend bien des choses depuis que "tonton" n'est plus. J'aurais tellement voulu le voir heureux et je ne pouvais pas grand chose pour lui. J'aimerais qu'il vienne me chercher, je ne voyais pas la vie sans lui. Tu ne peux pas comprendre. Je l'aimais tant. J'ai perdu tout intérêt à la vie, on dirait. Je prend soins des petits comme il me l'a demandé, en leur parlant de leur père de temps à autre pour ne pas qu'ils l'oublient. Lorsqu'il fait beau, je vais au parc Fulum avec eux. A part ça, je suis à la maison.

Les deux garçons sont bien, et Colombe mange comme les autres. Maintenant, elle se traîne partout dans la maison et commence à vouloir marcher mais pas seule. Elle se lève debout en s'agrippant à quelque choses puis tombe et recommence. C'est drôle!

J'ai été à la procession de St‑Jean Baptiste avec les enfants. Ils ont aimé beaucoup les fanfares. Mais pour les grandes personnes, les chars n'était pas fameux.

Mais faut que je te dise: lorsque nous devions allé au camp chez toi, Serge voulait coucher avec tante Yvette. Et j'ai dis: mon oncle lui, qu'est‑ce qu'il va faire. Ca là fait rire et moi aussi.

J'ai eut la chance d'aller à la campagne un dimanche avec ma cousine Martine et son mari. Ils ont un bébé, un mois plus vieux que Colombe. Les enfants s'en sont donnés à coeur joie. Je ne les ai pas entendu de la journée. Ce qui a été drôle, c'est que José, c'était la première fois, et en arrivant, je lui dis pourquoi ne vas tu pas jouer avec les autres. Il dit:" Vient me conduire" (les enfants s'amusait sur le chemin fermé). Je lui dis:"Pourquoi?" Les foins étaient haut et en ville on leur défend de passer sur le gazon. Il me répond: "Il n'y a pas de trottoir". Il ne savait pas où passer. J'ai ris, pas de lui, comprend moi bien.

J'ai cru comprendre qu'il y avait grève à St‑Jérome. J'espère que ça ne vous touche pas, ça serais dommage, et je suis sincère.

Donc, un gros bonjour à tous. Je dois aller à l'université le 10 juillet pour les dents des enfants, une offre que j'ai eut. Au plaisir de se revoir et, j’oubliais un détail, mon beau frère a eut un accident d'auto le 25 juin. Ma soeur et son petit ont été plus marqués. Je n'ai pas grande nouvelles vois‑tu, mais une vie monotone. Si vous passez par ici et si le coeur vous en dit, arrêtez. Merci et au revoir à vous trois.

Carmen. "

12.9.07

Dossier de bébé

Hélas, ce cauchemar n'est pas encore finit. Ma naissance s'est produite a peu près de la façon dont je viens de vous la décrire. Je suis né dans une chambre du 4451 Chambord, sur le Plateau Mont‑Royal. C'était chez mon grand père (le père de ma mère) qui louait une chambre à mes parents. C'est vraiment le bon vieux Adrien Robert qui est venu aider ma mère. C'est lui qui a rempli mon "dossier de bébé". On peut encore y lire que je suis né le matin du 19 février 1964 à neuf heures et cinquante minutes, et que je pesais sept livres et demi.

José a toujours eu de la difficulté à répondre à une question aussi simple que: quelle est votre date de naissance? Encore aujourd’hui, il hésite avant de répondre. Est-ce le 18 ou le 19. À l'époque où il était encore un tout jeune homme, il utilisait les deux dates en même temps. Il était inscrit à l'école sur le 19 et sa carte d'assurance maladie utilisait cette même date; mais beaucoup d'autres papiers importants portaient le 18.
En réalité, il est né un mercredi matin, c'est à dire un 19 février. Son père est le grand responsable de toute cette confusion. En signant l'extrait de baptême, il s'est trompé d'un jour et a inscrit le 18. Sa mère dit que c’est parce qu’il a trouvé l’attente difficile et qu’il n’avait pas dormit de toute la nuit.
Alors, quand José a eu besoin de son baptistaire pour avoir un numéro d’assurance sociale (obligatoire pour travailler et surtout, pour payer de l’impôt), il a du utiliser 18 comme date officielle. Imaginez-vous la confusion quand il a demandé des prêts et bourses pour aller au CEGEP, son code permanent était lié au 19 (comme c’était sa mère qui l’avait inscrit à l’école) alors que son dossier d’impôt était au 18. Pour éviter la confusion, José a même trafiquer son extrait de baptême, avec du liquid paper et sa vieille dactylo. Il avait remarqué que les sœurs corrigeaient leurs erreurs comme ça sur les copies officielles. Il a même failli changer son deuxième prénom qu’il n’aimait pas beaucoup : Claïr (celui de son grand-père). Les originaux étant écrits à la mains, la bonne sœur avait crue lire Alain, à la place. Son honnêteté l’avait poussé à lui faire corriger l’erreur, même si en y repensant, ça avait été tentant de changer de prénom.
C’est juste vers 30 ans que José a décidé d’éliminer toute confusion en mettant tous ses documents importants sur le 18 (c’était plus simple que de refaire tous les registres légaux basés sur le baptistaire d’origine).
Malgré ses hésitations constantes, José ne s’en fait plus avec sa date de naissance, il a compris depuis longtemps qu’il pouvait en profiter. Qui peut se vanter d’être né deux jours de suite ? Qui d’autre a la chance de fêter son anniversaire deux fois par année ?




On voit bien la date sur ce petit dessin que sa mère a toujours conservé en souvenir de ses deux ans. José s’est toujours demandé si sa mère ne l'avait pas fait à sa place. Il l’aurait dessiné tout seul, et elle se serait contentée de repasser par dessus avec un crayon feutre pour mieux le conserver. De toute façon, il parait que le docteur qui venait soigner son père lui a dit de le conserver parce que José serait heureux de le voir plus tard. En revoyant ce dessin, il s’est dit souvent, malgré ses doutes, que dès son enfance, il avait une main d'artiste…

6.12.05

Naissance

Un jour, en me recueillant, étendu sur mon lit, je me retrouva au milieu de la route de ma vie. Je m'efforçais de descendre dans le temps pour parcourir, événements après événements. Et je pouvais revenir le jour même de ma naissance.

Je créais dans ma tête la métropole de l'époque, la métropole enfoui sous la neige froide ; oui, Montréal sous les débris d'une avalanche imaginaire.

Le matin se levait paisiblement, couronné d'une petite chute de flocons miniatures dont je semblais encore voir ce jour là les reflets subtils qu'ils dégageaient. Presque rien ne bougeait sous ce masque blanchit par la glace ; les rues étaient désertes ; seuls quelques emballages de chocolats, débris de la St-Valentin, s'envolaient dans un tourbillon de vents frais.

Malgré tout, un homme, pas plus fou que les autres, se risquait pourtant à marcher contre la petite rafale de neige glacée ; cet homme, c'était lui, le médecin de famille de ma famille, lui, le simple et modeste docteur Adrien Robert.

Il se réchauffait à peine dans son vieux manteau d’hiver, l'ancien chapeau de son père lui camouflait la tête et ses grandes "claque" de caoutchouc recouvrait encore ses chaussures noires. Hélas, il avait oublié ses gants, et ses mains commençaient à se geler. Même si la poudrerie lui pinçait le visage et si le froid lui engourdissait chaques doigts, il se ruait vers l'avant en s'accrochant à sa petite trousse noire dont il se servait pour chaque patient chez qui il allait rendre des visites quotidiennes.

Il zigzaguait entre les buttes et les voitures enneigées, tout en évitant de très près les flaques de verglas. Il marchait rapidement, terriblement pressé. Il avait d’ailleurs une bonne raison ; il ne prenait même pas le temps d'admirer les gros bonshommes de neige, aux longs chapeaux bizarres, aux nez de carotte et aux yeux de billes cristalinnes, que les enfants avaient créé pour amuser les passants.

Il s'arrêta finalement devant une vieille maison ; une pauvre maison de piteuse allure, si on la comparait au grand bloc d'appartements érigé sur l'autre "rive" de la rue Chambor. La neige semblait tellement lourde sur ses petites épaules de bois et de briques, que le docteur lui-même pensait qu'elle s'écroulerait au moindre soupir du vent. Le docteur l'admira, sourit et ouvrit la porte, nouvellement installée, qui ne grinça même pas. Une fois à l'intérieur, il grimpa une trentaine de marches, longea un long couloir et frappa à trois reprises dans une porte soigneusement nettoyée. Puis un homme, d'à peine son âge lui ouvrit la porte. Après maintes salutations, il fit enfin quelques pas dans le lieu même de ma naissance.

Ce n'était qu'une petite chambre pauvrette constituée d'une jolie cloison vitrée, d'un plafond vétuste et de trois murs tapissés de papier peint déchiré à quelques endroits. De la porte, en regardant vers la droite, on admirait un merveilleux lit de bébé coloré d'un rose et d'un violet reluisant. Comme drôlerie : un petit meuble d'enfant qui semblait se reposer contre un oreiller de bois et de verre que formait la cloison qui, elle, servait par moment de muraille de Chine contre la fumée que dégageaient les bûches de papier dans le vieux poêle installé dans la cuisine commune.

Le lit où accoucha ma mère était au centre de la pièce, entouré de boîtes de carton vestiges d'un "entre deux déménagements".

Moi, j'étais dans l'obscurité complète, rien ne se présentait à ma pauvre vision. C'était noir, noir, noir, comme du charbon. J'étais prisonnier, mais un prisonnier heureux de son sort. Des machins plus ou moins doux se frottaient contre moi. J'étais coincé, je ne pouvais pas remuer comme bon me semblait.

Le "Bon Dieu" devait être près de moi et devait me parler. "Mon petit garçon, tes parents t'appellerons José. Je vais bientôt te lancer dans la vie où tu devras te défendre toi-même, où tu passeras de la joie à la tristesse, de l'amour à la rancune, de la paix à la guerre, de la facilité à la difficulté, de l'alliance à la séparation, puis enfin, de la vie à la mort. Tu feras face à tous ces problèmes, à toutes ses épreuves, mais si tu me fais confiance, ils se régleront tous aussi facilement qu'ils seront arrivés. Maintenant, va, mon fils..."

A ce moment là, instinctivement, je me mis à pousser de toutes mes forces pour pouvoir m'échapper de ce coin perdu. Mes orteils touchaient à une couche gluante, mais mon instinct me poussa à la frapper du bout des pieds. A un moment donné, je me suis senti tourner en rond puis deux parois se collèrent à mon crâne. Je sursautai, mais je ne pu m'écrier comme j'en sentais l'envie. Puis les deux parois de tissus visqueux se glissèrent jusqu'à mon coup. Immédiatement, sans que je les attende, deux autres parois, plutôt des leviers cette fois, me saisirent la tête. Ce fut suffisant pour me faire crier de terreur. Ma gorge envoyait des sons très aigus qui devait raisonner dans une grande pièce. Mes pieds traversèrent enfin la paroi élastique pour me laisser suspendue en l'air, entre les mains d'un étranger que je ne pouvais même pas voir. Je recommença à pleurnicher, j'avais peur de ces choses noires qui me touchaient. Soudain, mon derrière toucha à un liquide tiède apaisant. Mais on me glissa tranquillement au grand complet dans ce liquide inconnu. J’eus peur alors de me noyer et je me mis à crier de plus en plus fort.

J'avais assez hâte que ce cauchemar se termine enfin.

Le rêve

Un jour, j'ai fais un rêve inhabituel;
Un rêve pénible, oppressant et étouffant;
Un cauchemar sans fin et mortel
Qui me faisait perdre l'inépuisable cours du temps.
Ce rêve me déposa délicatement dans un lit;
Puis je me vis mourir tranquillement,
Sans souffrance...Sans agonie.
Une mort de rêve, une mort de roi...
Une mort trop belle pour moi.

Je m'éteignais donc paisiblement,
En emportant avec moi:
Toute une vie... Tout un monde...
Dont personne n'allait connaître les secrets.
Quand je m'éveilla de cet horrible sommeil,
Immédiatement je saisis ce qu'il m'avait révélé:
Parents, amis et inconnus ne sauraient jamais
Tout le beau déroulement de ma vie.
Alors MOI,
Après ce rêve,


Je me suis mis à écrire
Pour qu'à ma mort
On puisse comprendre:

Tout ce que j'ai pensée,
Tout ce que j'ai dit et...
Tout ce que j'essayais d'accomplir...

4.12.05

Casse-tête de biographe

Imaginez de quoi je suis composé : José a écrit ma première partie -- qu'il a tôt fait de baptiser "France", en l'honneur de vous savez qui -- sur plus de 100 feuilles mobiles recto-verso, c'est-à-dire un minimum de 200 pages de texte en lettres attachées de son écriture aux pattes de mouches "schizophrénétiques". Vous imaginez le travail que je dois faire pour transférer tout ça sur ce blog, sans blague ! J'en ai pour le restant de mes jours (en espérant qu'il ne se décide pas à me détruire une fois de plus).
Aux 200 pages, il faut en ajouter autant si on inclut en moi toutes les réflexions écrites sur des bouts de papier éparses dans les fonds des boîtes et des tirroirs, ceux écrit dans des cahiers Canada, dans les cases vides de ses agendas, au milieu de ses notes de cours... Et il y a tous les travaux scolaires à saveur autobiographique et tous les autres textes artistiques mis en annexe.
Donc si chaque partie compte 400 pages environ et qu'il y en a... Attendez que je me souvienne… "France", "Hélèna", "Stéphanie", "Monique", "Aimer ?", "Vivre ?", "Seul !"... et toutes les autres parties dont je ne suis plus sûr des titres… peut-être "M-P" et "Fiston"… Disons 10. Au minimum, on se retrouve avec 4000 pages de vie ! "Et c'est pas fini, ce n'est qu'un début..."
Je ne peux que vous souhaiter : Bonne chance dans votre lecture ! Et surtout, soyez patient avec moi. Vous ne pouvez pas imaginez le trouble que j’ai eu à négocier avec José pour le choix des extraits car, bien malgré moi, il refuse de tout retranscrire ici. Pis encore, je ne suis pas sûr qu’il me décrit tel que j’ai été construit. Il chamboule l’ordre de ma vie comme bon lui semble prétextant de soit disant droits à la liberté de création. Si vous vous sentez perdu, veuillez l’excuser, car comme dirait l’autre, il ne sait pas toujours ce qu’il fait.

1.12.05

Yvan pu grand chose

Excusez-moi, je n’ai pas pu vous parler depuis hier. Maintenant nous sommes dans le comté de St-Antoine sur le Richelieu, plus précisément sur la rue "Le Brûler", à quelques maison de la "Pomme d’or".

Avant d’aller plus loin, je veux terminer ce que je disais hier. Nous ne sommes pas riches comme la famille de mon cousin, mais nous avons suffisamment d’argent de poche pour nous payer des tas de chose. Par exemple, je vais toutes les semaines au cinéma avec ma soeur. Nous allons à la Place Laurier où ça coûte seulement 75 cent plutôt que 3.75$ dans les autres cinémas. À ce prix, nous avons droit à deux films.
L’an dernier, j’ai pu m’acheter une paire de ski de fond, et avant cela une dactylo et un magnétophone à cassette. Dernièrement, j’ai aussi eut mes poids et altères.
Yvan en conclut donc que j’ai plus de chose que lui... Il oubli sa série de GI-Joe et de Big-Jim et leurs accessoires. Il a même le tank ! Je ne peux pas vous énumérer tous les accessoires qu’il a. Quand je joue avec lui chez notre grand-mère, il remplit un salon double au complet. Il a tellement de jouets que maintenant, il fait de l’argent avec. Imaginez-vous que sa mère et sa grand-mère lui rachètent ses jouets pour en faire cadeau à ses soeurs.

En tous cas, Yvan a toujours été comme ça, et ses parents l’on toujours encourager dans cette voie...
* * *
A ce propos, José me raconte souvent une anecdote qu’il n’a jamais écrite auparavant. Pré-ado, il souhaitait avoir des bonshommes comme les GI-Joe ou les Big-Jim, qui étaient, à ses yeux, de pures merveilles : tous leurs membres (sauf un, quand même ce sont des jouets !) étaient bien articulés. Le cou, les épaules, les coudes, les genoux, les pieds… tout se bougeait et se manipulait pour les mettre dans des positions d’un réalisme surprenant. Et leurs accessoires étaient illimités : jambière, veste, gants, bottes, etc. Ceux qui s’en souviennent, dans ce temps là ses personnages étaient de grande taille (comme les Barbies) ce qui permettaient une manipulation facile (imaginez-vous tout ce que ces pré-ados en poussée d'hormones pouvaient faire faire à une Barbie et un Big-Jim).
Cela dit, José n’a pas eut souvent la chance de jouer avec de tels bonshommes, sauf avec son cousin, mais il pria longtemps pour en avoir un jour en cadeau de Noël. Et sa mère (qui se déguisait souvent en père Noël en ce temps là) finit par répondre à sa demande. Imaginez-vous son plaisir quand il compris, avant même de le développer, simplement par la taille du cadeau, que sa mère avait exaucé ses prières. Ce moment magique est toujours dans sa mémoire : il a développé lentement son cadeau, savourant chaque seconde qui le rapprochait de la concrétisation d’un de ses plus grands rêves. Il s’attendait à une apothéose de joie, de remerciements… mais pas de pleures. Pourtant, c’est ce qu’il fit intérieurement en sortant le bonhomme de sa boîte.
C’était "L’Homme de six milliards". Vous connaissez : Steve Austin, l’homme bionique. Mais le jouet en question ne valait pas autant. Il avait beau ressembler à Lee Major malgré son œil de verre rouge qui clignotait quand on appuyait dans son dos, il n’arrivait pas à la cheville des Big-Jim (eux, leur bras droit frappait quand on leur appuyait dans le dos). L’homme bionique était aussi flexible et articulé qu’un zombie d’un vieux films d’horreur ou que le robot dans "Perdue dans l’espace". "Danger, danger, danger... Écraser, tuer, détruire..."
José c’est contenté de sourire pour ne pas pleurer et de remercier sa mère pour ne pas qu’elle pleure. Plus tard, il lui a expliquer comment il avait été déçu et elle lui a confirmé que c’était une question d’argent. Ils s’étaient compris.
Un jour José eu les moyens de s’acheter des GI-Joe, mais les figurines étaient maintenant toute petite et en plastic rigide, sans grand accessoire détachables… Il y renonça en se concentrant sur ses études collégiales.

Yvan des conneries

Nous sommes maintenant le 23 juin 1979. La fête de la St-Jean ne tourne pas rond.
Serge essai d’attirer le monde avec sa musique sur le balcon, mais il y a des colonnes de son plus grosse au bout de la rue, près de Rachel.
Nous avons décoré notre balcon pour participer au concours. Les gens responsable des festivités étaient passé pour suspendre des banderoles avec drapeaux, d’un bord et de l’autre de la rue. Imaginez-vous que notre propriétaire a protesté et les a fait enlever. Ils ont donc changé la disposition des banderoles, ce qui laissait un vide évident à la hauteur de notre maison. Ma mère décida donc de faire sa propre banderole en utilisant tous les chiffons qui lui tombaient sur la main. Cela faisait très beau une fois installé. Évidemment, la propriétaire nous fit une de ses crises. J’essayai en vain de lui parler (j’étais le seul qu’elle écoutait habituellement). Tant pis, elle a encore passé pour une folle, les passants lui ont crié des bêtises... Du déjà vu. Ma mère ajouta encore plus de décorations au balcon, entre autre, un drapeau du Québec dessiné sur un grand drap blanc... l’horreur !

Durant la fête aujourd’hui, il se passa quelque chose de stupide entre ma soeur et mon cousin. Tout à commencé avec ma soeur qui dessinait sur le trottoir, en grosse lettre : "José Love France". Mon cousin Yvan, voyant cela, a voulu lui rendre la pareille en écrivant : "Colombe Love Steve". Ma soeur n’était pas contente parce qu’elle ne ressent rien pour son partenaire de danse sociale. Elle aurait préféré qu’il écrive la vérité : "Colombe aime Samuel" (le frère de France). Mais Yvan n’était pas au courant et il continua d’écrire partout ce qu’il pensait. Colombe essaya de l’ignorer en se concentrant sur le jeu de marelle qu’elle dessinait au milieu de la rue (la rue était fermée pour la fête). Évidemment, Yvan dû aller jusqu’à dessiner au beau milieu de sa marelle pour la faire réagir. Colombe piqua une crise et se jeta sur lui pour lui reprendre ou lui faire avaler sa craie. Plus grand qu’elle, il n’eut pas de difficulté à se dégager. Il lui donna un bon coup sur les lèvres pour ensuite utiliser sa plus grande force : courir ! Colombe le suivi, mais je l’arrêtai au coin de Delorimier et Marie-Anne. Le plus drôle : il a oublié son vélo chez nous.

Voilà que je pense à d’autres situations bizarres impliquant mon cousin Yvan. Il y a deux jours, ma grand-mère et ma tante, comme à leur habitude une fois par mois, nous ont envoyé des sacs de viandes et différents restes de nourriture. En fait, elles font cela lorsqu’elles vident leur congélateur, c’est supposé nous aider à rejoindre les deux bouts. Pourtant, la plupart du temps, nous en jetons les trois quarts parce que la viande pue et a mauvais goût. Ce jour là, nous avions été très surpris d’y trouver des chop de porcs et de gros steak. Yvan nous rappela pour nous dire qu’ils s’étaient trompés, que la viande était encore bonne et qu’il viendrait la chercher. Nous nous sommes empressés de la faire cuire pour nous régaler... pour une fois.

Par chance, nous commençons à être habitué avec cette famille. Plus jeune, chez ma grand-mère, Yvan mangeait des fraises directement dans le panier de ma grand-mère mais nous n’y avions pas droit. Selon Yvan, nous n’étions pas assez riche pour nous payer des fraises.
En tous cas, nous les connaissons maintenant, je pourrais vous en parler longtemps, mais je n’ai pas de temps à perdre, nous sommes en pleine préparation pour partir chez Martine... attendez, on m’appelle...

… les femmes

8 juin 1979 (suite)... Aujourd’hui, j’ai envie de vous décrire la femme de mes rêves :
  • Il faut qu’elle m’aime avant tout ;
  • Qu’elle soit belle ;
  • Pas "frais-chière" ;
  • Qu’elle aime les enfants ;
  • Qu’elle aime la campagne ;
  • Qu’elle aime la lecture ;
  • Qu’elle adore le dessin ;
  • Qu’elle aime mes histoires ;
  • Qu’elle aime les animaux ;
  • Qu’elle ne fume pas ;
  • Qu’elle ne boit pas ;
  • Qu’elle soit travaillante ;
  • Qu’elle soit encourageante ;
  • Intelligente ;
  • Optimiste.

Enfin, je souhaite tout un petit brin de femme qui pourrait m’aider et me comprendre.

Je pense que José a fini par la trouver... en moins de 10 ans seulement!

* * *

Personnellement, ce ne sont pas les seins que je regarde chez une femme, mais plutôt le visage. Lindsey Wagner (la femme bionique) me plaît beaucoup même si elle n’a aucune poitrine. Avant, et encore un peu aujourd’hui, je tripais sur des affiches de Farrah Fawcett, Jaclyn Smith, Linda Carter, Cherill Ladd et Rachel Welsh, pour ne nommer que celles là. J’étais excité par leurs cuisses si douces qui sortaient de leurs robes fendues jusqu’à la taille. C’était fantastique ! Voyez-vous, j’étais fou, mais je ne devais pas être le seul. Parfois je me fais des petits scénarios dans ma tête. J’imagine une fille de la classe, formidable, qui viendrait chez moi pour étudier. Il suffirait que j’échappe un jus sur elle pour ensuite l’aider à s’essuyer... J’ai songé à un maniaque qui grâce à un gaz obéissant, pouvaient séduire les plus belles filles de l’école. Je pensais à toutes les filles qui avaient quelque chose d’intéressant et je m’imaginais passer de classe en classe pour les savourer [...] Je pensais même à la prof de gym des filles. Parfois, mes fantasmes m’amenaient vers des filles en dehors de l’école, comme ma cousine Gertrude, la fille de Ginette.

Je voyais des filles partout l’an passé, maintenant je me contrôle mieux. J’utilise les idées qui me viennent pour mon écriture, ça devient des scènes érotiques pour mes prochains romans.

Chose étrange, quand je fais ça, je ne pense pas à France. Et quand je vois France, je ne pense plus à ça. Peut être que notre lien est plus grand que l’amour. Ou bien, c’est parce qu’elle est réelle et que je me contrôle bien dans le réel.

À moins que je ne l’aime pas... Impossible !

30.11.05

… la gêne

C’est drôle, je n’ai pas beaucoup pensé à France dernièrement, mais je compte bien la revoir cet été, dans la piscine à Martine. J’espère que mes problèmes de seins seront finit : j’ai une poussée de malformation d’adolescence aux seins. L’an dernier, j’ai fait rire de moi en me déshabillant dans mes cours d’éducation physique. Je sais que beaucoup de jeunes passent par-là, mais moi je suis plus gros, ça paraît beaucoup plus. Je me suis acheter des poids et altères pour renforcer et raffermir mes muscles, sinon, en septembre, on m’opérera. Je souhaite que cela ne paraisse pas chez Martine. L’an passé, je réussissais à les cacher. Je portais une serviette sur moi pour me rendre sur le deck de la piscine hors-terre. J’attendais d’être seul, que personne ne me regarde ou je me dépêchais pour sauter le premier à l’eau avant même que les autres n’arrivent. Je passais pour quelqu’un qui adorait se baigner, ce qui n’était qu’une demi-vérité. D’autant plus que j’étais souvent le dernier sorti, quand les autres s’en allaient déjà ou étaient trop occupés à se sécher. J’attendais que mes seins change de forme, car l’eau froide aidant, il se raidissait, se durcissait et avait l’air de seins normaux. À la fin de l’été, j’avais découvert quand les pinçant un peu je pouvais les transformer. Hélas, il ne restait pas longtemps correct, j’avais juste le temps de sortir et de m’enrouler dans ma serviette. Je passais donc pour quelqu’un de très frileux, ce qui était totalement faux. J’enfilais vite mon chandail qui me protégeait suffisamment l’an dernier. Maintenant, le problème a empiré, mes seins paraissent malgré un chandail, je dois porté une veste de jogging par-dessus. Je commence à passer pour quelqu’un qui aime avoir chaud, ce qui est totalement faux aussi.

27.11.05

Fantasmes et…

8 juin 1979. C’est la fin de mon secondaire trois, ma dernière journée de classe. Je profite du temps que j’aie entre mon premier et mes deux derniers cours pour écrire ma vie.Je me rends compte à quel point j’ai fais beaucoup de création cette année en arts-plastiques. J’ai fais une série de dessin à la gouache, à l’encre de chine, à la craie de cire et au crayon feutre. J’ai même pris des photos de trois de mes oeuvres. J’ai fais aussi un vase en terre cuite que j’ai glacé pour le rendre brillant. J’ai aussi fais mon premier bas-relief en plâtre.
En imprimerie, j’ai conçu ma carte d’affaire et un livre à colorier comprenant quatre de mes dessins : Laurel et Hardy en moto, Lucky Luke sur Joli Jumper, une sorte de dragon auquel j’ai ajouté une deuxième tête et finalement un monstre, un gorille que j’ai créé moi-même, armé d’un poignard découpant le corps d’une femme que l’on ne voit pas vraiment. En meubles et construction, je me suis retrouvé à faire un coffre à bijoux.
Côté écriture, j’ai fais une liste de toutes les aventures prochaines de Joslo. J’ai décidé de faire de courtes histoires à la place d’en faire une seule. Mon premier récit devrait s’appeler «Pour échapper à Piropointe», «La poursuite infernale» ou «Danger», «Sauve qui peut»... En tous cas on verra en temps et lieux. J’ai hâte de finir une de mes histoires et de la publier avant que quelqu’un me vole mes idées. J’ai l’étrange projet de battre les succès de tous les temps, de tous les autres livres ou émissions de télé comme : Goldorak, Bob Moran, Doc Savage, Cosmos 1999 ou même... La guerre des étoiles.
En attendant, j’ai gagné le concours du meilleur conte de mon école (ou plutôt de mon niveau) : «Gérardon et les deux crabes magiques». En principe, j’ai été aidé par deux copains, Charles et Roger; en réalité, mis à part les belles descriptions de sirène de Roger, je l’ai écrit tout seul. Une fille de la classe avait été chargée de le taper à la dactylo (elle suivait des cours) mais je dus le recommencer moi-même car il manquait des mots, des lettres, des phrases (elle ne suivait pas des cours pour rien). J’y ai donc mis du temps, le produit final comptait 23 pages.
* * *
Le plus drôle, c’est que José n’a jamais revu la copie dactylographiée à la sueur de son front. Il ne lui reste que le brouillon. Sa mère, quelque peu parano, s’imaginait que la prof l’avait gardée pour lui voler ses idées… Mon maître insiste pour que je vous montre le résumé du conte au cas où vous pourriez remarquer si depuis cette année là, 1979, quelqu’un a fait fortune en plagiant sa création.
Résumé

C'est l'histoire d'un homme qui doit, par tous les moyens, trouver la baguette qui permettra de transformer une formidable sirène en douce et très séduisante femme qu'il aime. Lui et sa petite soeur devront donc entreprendre un intrépide voyage où ils devront combattre de redoutables ennemis. Des pirates, un lion, des serpents, des momies et un escadron de crocodiles ne pourront rien contre les pouvoirs maléfiques des deux crabes magiques qui aideront nos deux héros.Vont-ils réussir à parvenir jusqu'au bout de leurs peines ou vont-ils périr dans les crocs des gardiens de l’île aux trésors ? Si vous désirez le savoir, ne tardez pas plus longtemps, lisez ce formidable récit qui vous amusera tout un après midi. N'est-ce pas bien dit ?

***

Et il a eu droit à sa première lettre de félicitations et… de refus !

Le 13 juin 1979
Roger, José et Charles,
Gérardon et les deux crabes magiques m’ont permis de faire un beau voyage, au cours duquel j’ai pu apprécier le choix de vos illustrations et la clarté de votre écriture.Qu’il s’agisse de l’introduction ou des péripéties, vous savez faire preuve d’originalité et d’humour, qualités fort appréciables. Je vous en félicite et je vous encourage à participer à de nouveaux concours.
Félicitations à vous et à votre professeur. Bonne chance !
Le conseiller pédagogique en français au secondaire à la région centre.
Suzanne Martin.

Et une note du prof (ajoutée à la main sur la lettre):

J’aurais bien aimé que tu remportes le premier prix car j’ai trouvé votre conte fort beau et personnellement, il m’a beaucoup amusée. J’espère que tu continueras d’écrire d’aussi jolies choses.
Bonnes Vacances !
I. Gagné